Le soir, les rues de la ville sont mon terrain de chasse, les bars et les clubs mes sanctuaires. C’est là-bas, que je l’ai rencontré. Assuré, franc, et beau comme un dieu. Un peu trop, pour ne pas tenter une approche. Si j’avais su… « Comme on se retrouve. » Un mois. Un mois que, dès que l’envie me prend, je le retrouve sur cette banquette. Toujours la même, toujours dans ce bar. Comme s’il attendait que je me pointe. « Comme je, te retrouve. » Un sourire narquois nait sur ses lèvres. J’ai envie de le baffer. Sérieusement. « Qu’est-ce que je t’offre, ce soir ? » Cette idée de possession… je sais qu’il peut m’acheter ce qu’il veut, seulement je révulse l’idée même d’être achetée. « Rien. » Un léger rire s’échappe de ses lèvres, et je regrette de plus en plus d’être venue, encore plus de lui avoir fait part de ma présence. Il glisse une main dans mes cheveux, et bientôt, je sens son souffle, contre ma peau « C’est pas ce que tu disais l’autre nuit… » ce sous entendu bien trop appuyé me donne envie de vomir. Non, il ne se jouera pas de moi. Jamais. Je garde le contrôle. J’effleure ses lèvres des miennes, glisse ma main sur sa cuisse, m’approche dangereusement de son entre jambe, sachant pertinemment l’effet que ça lui fait. Avant de l’agripper avec force, un sourire mesquin au visage, qui le laisse sans air. A mon tour de lui susurrer des mots qu’il n’a pas d’autre choix que d’écouter « C’est quand je le veux, pas l’inverse, compris ? Pas l’inverse. » Et je me lève en relâchant la pression. Il jure, je m’en tape, et accoste un autre type. Il fulmine, je le sais. Encore une fois : je m’en tape. Si je ne garde pas cette distance… je suis faible, d’accord, je le sais. Habituellement, si un mec passe dans mon lit, c’est une nuit, point barre. Lui, ca fait un mois qu’il y séjourne, trop régulièrement à mon goût. Seulement… c’est comme ces forces opposées, qui s’attirent, indéniablement. Vingt minutes. C’est le laps de temps que je dois passer coller à un autre pour qu’il intervienne. Je l’ai compris ce soir là. « Lâches moi. » je le vois dans son regard et le sens dans sa poigne, il est aussi accro que moi. Bien… je ne suis peut-être pas si faible que ça. « Non. » Je me débats et lui en colle une. Il sait pourtant que je déteste la violence gratuite. Ou du moins, doit le savoir. « C’est quoi ton problème !? » Et je hurle, parce que je déteste ce brin d’emprise qu’il a sur moi. « Toi. » Et il m’embrasse, comme s’il n’avait jamais embrassé personne d’autre, comme s’il se foutait de ce mec qui nous regardait, de cette foule, qui nous regard toujours. Et je l’entraine, course folle, dans mes nuits, dans mon lit. Je déteste qu’il s’attarde sur mes blessures, qu’il ait remarqué la cicatrice que son ongle à laissé sur mon front lorsqu’elle m’a agrippé les cheveux, je déteste qu’il les embrasse comme si ces marques étaient dés trésors, je déteste qu’il aime un corps que je déteste. Et pourtant… cette nuit comme toute les autres, il ne posera aucune question, ne fera qu’observer, admirer, embrasser, embraser, mon corps, mon âme, et le semblant qu’il me reste de cœur. Je le déteste. « Dégage. » Me levant du lit pour filer sous la douche, je lui intime de partir, trop troublée par son regard. Et une fois sortie… il n’est plus là. N’est jamais là. Et lorsque le manque sera trop fort, alors je saurai où le trouver. Sur cette même banquette, de ce même bar…