L’important dans la vie c’est d’être conscient que tant que vous êtes en vie il n’est jamais trop tard, je vous le garantis Jean, peu importe ce qu’il se passe, les choses paraissent meilleures éveillé qu’endormi. Et quand vous mourrez, la seule chose dont vous avez envie, c’est de revenir.

J’aurais aimé naitre ailleurs. Loin d’elle, de ses rêves bafoués, de ses escarpins taille 38 et de sa connerie légendaire. J’aurais aimé qu’il m’emmène, qu’il m’enlève, qu’il la tue. Elle a faillit. Elle n’a pas pu. Comprenons nous bien, ma mère fait partie de ses femmes a qui la nature a fait un cadeau extraordinaire : la beauté. Physique, certes, puisque tout est pourri à l’intérieur. Fille de personne, elle a mené sa barque comme elle le pouvait, alternant entre les concours de beautés, les castings de cinéma, les épisodes de séries B et les téléréalités bidons. Vous vous souvenez de la lessive MatroPlus ? Oui, c’était elle, la rousse électrique qui tâchait son beau chemisier bleu. Bref… jusqu’à ce qu’elle rencontre mon père. Futur météorologue, ce grand brun lui a tout de suite tapé dans l’œil. Lui a toujours été simple, accessible, un tant soi peu naïf. C’est mon père, mon héros… mais je dois bien lui reconnaître cette erreur. Toujours est-il que. Il a tout fait, tout, pour qu’elle l’aime, comme il l’aimait. Lui faire un enfant lui apparaissait comme le meilleur moyen de la garder, et si dans les premiers temps, elle voyait en moi le moyen de briller, toujours plus… je lui ai volé sa jeunesse, chose qu’elle m’a balancé en pleine figure alors que je n’avais qu’onze ans. Comment une mère peut dire une telle chose à la chair de sa chair ? Croyez moi, si vous trouvez ça horrible… vous ne croirez jamais la suite. J’avais quatre ans quand elle a demandé le divorce. Actrice, vous vous souvenez ? C’est avec son semblant de talent qu’elle a réussi à faire croire au juge qu’elle serait la meilleure éducation pour moi. Il n’a pas eu le choix, et quelques mois plus tard, nous déménagions loin de mon père, à Los Angeles. C’est là-bas qu’elle m’a tout appris. Son sens aiguë de la mode, comment défiler, comme sourire, comment poser… les concours de mini miss s’enchainaient dans les états voisins, et lorsque je suis devenue trop grande, c’est la danse, la piano et le théâtre, que je devais étudier ardemment. Jamais assez bonne, je devais toujours être meilleure que la meilleure. Naïvement, je croyais qu’en la comblant de victoire, j’aurai droit à un peu plus d’amour. C’était pas si cher payé, non, d’aimer sa fille ? Et pourtant…

« Faut qu’j’m’arrête pisser. » ma mère se tapait Josh depuis un an. Il avait vingt-trois ans, neuf de plus que moi, et pourtant ce connard voulait que je l’appelle papa. Ma mère, dans sa course vivifiante pour un brin de jeunesse, l’avait rencontré dans un bar. Pas forcément doté du cerveau d’Einstein, ce blond californien avait le don de la faire sourire, avec ses conneries de compliments prépubères. Se rangeant sur le bas côté de cette quatre voies entre LA et San Francisco, croyez moi, je me souviendrais toujours de leurs mots, de chacun de leurs gestes. « Tu aurais pu sourire un peu plus. Le jury attendait une fille plus souriante. » La musique, vissée dans mes oreilles, me coupait de son monde. Encore un énième concours de danse, j’étais complètement vannée. Plus qu’une demi heure de route. Josh n’a pas fait attention, en redémarrant. Un peu trop vite, un peu trop à gauche. Un croisement, une voiture sortant de nulle part. Il paraît qu’il est mort sur le coup. Je n’en sais rien. Je me suis réveillée deux semaines plus tard. « Petite conne, tout est de ta faute ! » elle avait attendu mon retour à la maison pour déverser son venin. Les reproches, toujours les mêmes. Ma faute, mon foutue concours de danse, ma foutue imperfection. Selon ses dires, si j’avais été assez bonne pour avoir toute la reconnaissance nécessaire à LA, nous ne serions pas allé jusqu’à San Francisco, et Josh ne serait pas mort dans cet accident. Seulement il avait bu, comme toujours, il était imprudent, comme toujours, et je ne pourrais plus jamais danser. Pas que je rêvais franchement d’en faire une carrière, mais malgré la pression exercée par ma mère… j’aimais ça. J’ai du sourire, sans le vouloir, de me dire qu’elle commençait à rabâcher. Tout est aller très vite. Une gifle, en premier, violente et douloureuse. Projetée contre le sol, j’ai été sonnée pendant quelques secondes. Trop. Elle m’a agrippé les cheveux, tapant mon visage contre le carrelage froid de la cuisine. Le blanc n’était plus blanc, ma conscience inconsciente. Et je souriais, toujours, d’avoir enfin un peu de sa considération. Malsaine. Ses talons me broyaient les côtes, les larmes me montaient aux yeux, je refusais de pleurer… pas pour elle. Pas comme ça. J’ai du perdre connaissance, la dernière chose dont je me souviens, c’est le goût du sang, le venant dans la gorge. Quand je me suis réveillée, il était là. Je n’ai jamais revu ma mère. Il m’a ramené à la maison.

À 200 à l’heure dans les rues de Paris où il ne fait pas bon trainer lorsque nous sommes au volant, nous mêlons l’alcool à la beuh, la beuh à la coke, la coke au extas. Des mecs baisent des putes sans capotes et jouissent ensuite dans les copines de leur petites sœurs qui se font, de toute manière, partouzer du soir au matin.

J’ai appris à aimer la vie que j’ai maintenant ici. Lorsque mon père m’a ramené, j’ai appris à connaître les personnes qui l’entouraient. Nouveaux horizons que ceux d’une famille véritable, je n’ai pas eu de mal à me faire une place : visiblement, elle était là depuis longtemps, à m’attendre. Carter avait cinq ans, mais semblait déjà me connaître, tout comme sa mère ; une véritable, mère. Et si je refusais encore qu’on prenne soin de moi… je m’étais élevée seule, vous comprenez ? Mais la vie avec eux était simple : des règles, à suivre. Et beaucoup d’amour. Un peu trop, parfois. Pas habituée, vous savez. Nouvelle vie, nouvelle ville. Vieux démons. J’ai commencé à devenir comme elle. A me foutre de tout, mis à par de moi. Jusqu’à ce que je comprenne qu’il y avait des vies en jeu, jusqu’à ce que je comprenne que je pouvais y perdre la mienne. Vivre, pleinement, mais pas dangereusement. Du moins, pas de manière suicidaire. Alors, j’ai commencé à refouler tout ce qu’elle était. Le piano, le théâtre, tout. J’ai tout abandonné. A défaut de lui dire au revoir proprement. J’ai commencé à étudier. J’ai même tenté de me sociabiliser. Deux sont restés. Les autres ne comptent pas vraiment. Mon père voudrait me voir casée, heureuse. Je lui dis que je le suis. Je tente même de me convaincre. J’aime les hommes ; je dirais même que j’en profite. Mais ils ne sont… que distraction. J’ai obtenu mon diplôme, je me suis trouvée un boulot, un appartement. Je m’occupe de mon frère tout les jeudis… pour une vie rangée, je peux vous dire qu’il y a rarement plus mortel. Mais je trouve le temps, ne vous en faite pas. De vivre. Toujours vivre.

Le soir, les rues de la ville sont mon terrain de chasse, les bars et les clubs mes sanctuaires. C’est là-bas, que je l’ai rencontré. Assuré, franc, et beau comme un dieu. Un peu trop, pour ne pas tenter une approche. Si j’avais su… « Comme on se retrouve. » Un mois. Un mois que, dès que l’envie me prend, je le retrouve sur cette banquette. Toujours la même, toujours dans ce bar. Comme s’il attendait que je me pointe. « Comme je, te retrouve. » Un sourire narquois nait sur ses lèvres. J’ai envie de le baffer. Sérieusement. « Qu’est-ce que je t’offre, ce soir ? » Cette idée de possession… je sais qu’il peut m’acheter ce qu’il veut, seulement je révulse l’idée même d’être achetée. « Rien. » Un léger rire s’échappe de ses lèvres, et je regrette de plus en plus d’être venue, encore plus de lui avoir fait part de ma présence. Il glisse une main dans mes cheveux, et bientôt, je sens son souffle, contre ma peau « C’est pas ce que tu disais l’autre nuit… » ce sous entendu bien trop appuyé me donne envie de vomir. Non, il ne se jouera pas de moi. Jamais. Je garde le contrôle. J’effleure ses lèvres des miennes, glisse ma main sur sa cuisse, m’approche dangereusement de son entre jambe, sachant pertinemment l’effet que ça lui fait. Avant de l’agripper avec force, un sourire mesquin au visage, qui le laisse sans air. A mon tour de lui susurrer des mots qu’il n’a pas d’autre choix que d’écouter « C’est quand je le veux, pas l’inverse, compris ? Pas l’inverse. » Et je me lève en relâchant la pression. Il jure, je m’en tape, et accoste un autre type. Il fulmine, je le sais. Encore une fois : je m’en tape. Si je ne garde pas cette distance… je suis faible, d’accord, je le sais. Habituellement, si un mec passe dans mon lit, c’est une nuit, point barre. Lui, ca fait un mois qu’il y séjourne, trop régulièrement à mon goût. Seulement… c’est comme ces forces opposées, qui s’attirent, indéniablement. Vingt minutes. C’est le laps de temps que je dois passer collera un autre pour qu’il intervienne. Je l’ai compris ce soir là. « Lâches moi. » je le vois dans son regard et le sens dans sa poigne, il est aussi accro que moi. Bien… je ne suis peut-être pas si faible que ça. « Non. » Je me débats et lui en colle une. Il sait pourtant que je déteste la violence gratuite. Ou du moins, doit le savoir. « C’est quoi ton problème !? » Et je hurle, parce que je déteste ce brin d’emprise qu’il a sur moi. « Toi. » Et il m’embrasse, comme s’il n’avait jamais embrassé personne d’autre, comme s’il se foutait de ce mec qui nous regardait, de cette foule, qui nous regard toujours. Et je l’entraine, course folle, dans mes nuits, dans mon lit. Je déteste qu’il s’attarde sur mes blessures, qu’il ait remarqué la cicatrice que son ongle à laissé sur mon front lorsqu’elle m’a agrippé les cheveux, je déteste qu’il les embrasse comme si ces marques étaient dés trésors, je déteste qu’il aime un corps que je déteste. Et pourtant… cette nuit comme toute les autres, il ne posera aucune question, ne fera qu’observer, admirer, embrasser, embraser, mon corps, mon âme, et le semblant qu’il me reste de cœur. Je le déteste. « Dégage. » Me levant du lit pour filer sous la douche, je lui intime de partir, trop troublée par son regard. Et une fois sortie… il n’est plus là. N’est jamais là. Et lorsque le manque sera trop fort, alors je saurai où le trouver. Sur cette même banquette, de ce même bar…

bienvenue jolie demoiselle

Bienvenue et bonne chance pour ta fiche.

Merci à tous
Oui, Kyo ca passait au moment où j'ai commencé ma fiche, alors...

Je pense avoir fini (: