Elle était là, allongée dans ses draps blancs, endormis comme la belle au bois dormant. Elle était bien, paisible. Rien ne la préoccupait. Elle ne rêvait pas. Elle ne pensait pas. Elle ne sentait rien, sauf une petite main. Une petite main ? Elle ouvrit l'oeil droit puis le gauche. La petite main était toujours sur son épaule et elle la secouait doucement. Elle tourna la tête vers son propriétaire et un tendre sourire s'afficha sur ses lèvres. "Bonjour mon amour" fit-elle tout en tendant les bras pour attraper son fils par la taille. Le petit garnement se blottit dans les bras de la jeune femme après lui avoir déposé un bisou baveux sur la joue. C'était leur petit rituel du matin. Galvin rejoignait Blyhte dans son lit pour partager un petit câlin. Ils avaient une longue journée à passer loin l'un de l'autre après. Le petit blond serait à l'école pour la matinée, puis il passera le reste de sa journée avec ses grands-parents, tandis que la brune serait au bureau, à organiser des mariages pour des couples fou d'amoureux. Déprimant. oh oui, cela la rendait folle. Voir les couples se regarder les yeux pétillants, se glisser des petits surnoms amoureux à l'oreille, alors qu'elle, elle était seule. Enfin, il y avait Aymeric mais c'était compliqué. Elle regrettait son mariage avec Andrew, quand tout allait encore bien entre eux. Fichues hormones. Elle n'aurait jamais dit cela il y a trois mois, lorsque son divorce fut officiellement prononcé. Elle n'était plus heureuse avec son mari. Ils ne se voyaient jamais et quand c'était le cas, ils le passaient à se disputer. Ce n'était pas un environnement sain pour Galvin. Et la brune voulait ce qu'il y a de mieux pour son fils. "Allez mon amour, on va prendre le petit déjeuner" fit-elle en chatouillant son fils pour qu'il se lève, ce qu'il fit en riant.

Elle soupira. Elle n'y arriverait jamais ! Elle avait trois mariages à finir d'organiser pour le mois prochain et il ne lui arrivait que des malheurs. Le cuisiner venait de se blesser gravement, le rendant indisponible pour la réception. Elle devait trouver quelqu'un d'autre et vite. Les mariées n'avaient toujours pas choisit leur menu. Et puis il y avait les fleurs encore. Oh et puis le dernier couple avait changé d'avis pour le lieu. Blythe devait donc leur en proposer de nouveau. Elle allait devenir folle. Elle avait terriblement besoin de repos et de vacances. La porte de l'agence s'ouvrit. La brune tourna la tête en priant de toute ses forces pour ne pas voir un nouveau couple. Elle n'aurait pas la force de les recevoir. Mais ce fut la petite tête de Beth qu'elle aperçut et elle fut soulagé. "Bethou chérie !" fit-elle en lui se levant pour la prendre dans ses bras. Oui, elle aimait affublé les personnes qu'elle aime de surnoms ridicules. "Comment vas-tu ?" ajouta-t-elle en baissant ses yeux sur son ventre. Elle connaissait son secret. Instinctivement et discrètement elle mis sa main sur son ventre à elle. Oui, Blythe aussi était enceinte, mais ça personne ne le savait. Elle ne savait toujours pas quoi faire. Le garder ou pas ? Et il faudrait qu'elle prenne vite un décision, bientôt elle ne pourrait plus avorter.

La journée avait commencé par des nausées et Beth avait juste eu le temps de s'enfermer dans la salle de bain avant que Franky ne la suive. Elle n'avait toujours pas eu le courage de lui annoncer sa grossesse et cela commençait réellement à lui peser, il avait le droit de savoir et de donner son avis. Après tout elle n'allait pas attendre que le délai pour avorter soit passer afin de lui dire, le piéger n'était pas dans ses attentions, qu'est-ce qu'il pourrait penser d'elle ? Alors il fallait qu'elle trouve le courage de lui annoncer, mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Pour le moment, elle patientait encore un peu en attendant de trouver le bon moment. Son cœur manqua plusieurs battements quand elle imagina Franky lui demander de mettre fin à sa grossesse, sa main se posa immédiatement sur son ventre et elle regarda son reflet. Elle était jeune, terriblement, mais elle savait déjà au fond de son cœur que jamais elle ne pourrait faire de mal à ce petit être qui était en train de grandir en elle. Reprenant contenance, elle prit une douche rapide avant de laisser la place à son mari qui n'était pas vraiment surpris du temps qu'elle avait mis dans la salle de bain, c'était souvent comme ça. Elle déposa un baiser sur ses lèvres avant de le laisser passer, elle serait déjà partie quand il ressortirait. Son premier cours était mathématique et bien qu'elle aimait cette matière, elle ne se sentait vraiment pas l'envie d'y aller. Avalant un rapide petit-déjeuner, Beth quitta leur loft avec son sac sur l'épaule pour se rendre au lycée. Ce n'était pas toujours facile là-bas non plus, beaucoup la regardaient comme une bête de foire à cause de son statut de femme mariée, ce qui était vraiment lassant. Heureusement, elle pouvait compter sur ses amies les plus proches, surtout Deenna qui n'avait pas cherché à la faire changer d'avis quand elle avait pris sa décision. Cela serait certainement pire quand tout le monde serait au courant qu'elle allait devenir maman. Alors qu'elle arrivait près du lycée, elle vit Lindsay s'approcher avec un petit sourire. « Mme Dwyer n'est pas là, ma belle, adieu notre premier cours de la journée. » La chance devait être de son côté, elle discuta quelques minutes avec sa camarade avant de lui fausser compagnie, elle avait besoin de parler et savait très bien qui pourrait la comprendre. C'est sans s'en rendre compte qu'elle prit le chemin du bureau de Blythe, cette jeune femme qui était son modèle et surtout une oreille compatissante. Elle-même avait à peu près vécu la même chose, donc c'était facile de pouvoir en discuter avec elle sans attendre d'être jugé. Passant devant un café, elle acheta deux chocolats chauds ainsi que plusieurs muffins avant de reprendre la route. L'assistante de Blythe la laissa passer sans aucune résistance et elle frappa doucement à la porte avant de rentrer pour trouver son amie qui avait l'air soulagée de la voir. « Béthou chérie ! » Un petit rire passa les lèvres de la jeune femme à l'entente de son surnom, c'était un peu la marque de fabrique de sa grande sœur de cœur, donner des surnoms parfois bizarre. Mais elle aimait bien ça, après tout c'était une marque d'affection. Beth répondit à son étreinte avant de répondre à sa question. « Je vais plutôt Blythe, enfin aussi bien qu'une femme enceinte qui n'a toujours rien avoué à son mari et qui commence vraiment à avoir des remords. Et toi, ça va ? Comment va Galvin ? » Ce petit garçon était un véritable petit ange, la jeune femme avait eu la chance de pouvoir souvent passer du temps avec lui et était totalement tombé sous son charme. Elle posa ses achats sur le bureau avant d'enlever sa veste. « J'ai acheté des munitions, mais j'espère au moins que je ne te dérange pas ? »

Après une soirée ennuyante, fatigante, durant laquelle tu n'as pas réussi à trouver le sommeil ; la première chose à laquelle tu penses le matin, dès ton réveil : c'est de te rendre chez Blythe, ton amie, parce que tu sais qu'elle te redonnera un large sourire en quelques secondes. Il en toujours été ainsi avec elle. Sa personne savait me rendre joyeuse en si peu de temps. Ça expliquait que je me dépêche afin de me rendre chez elle ; quitte à m'en brûler les doigts en lissant mes cheveux, quitte à en faire tomber un bout de confiture sur ma cuisse. J'en râlai, grommelai tout un tas d'insultes pour ma propre personne avant de retourner rapidement dans ma chambre. Je l'échangeai pour une robe, élégante. Après l'avoir enfilé, j'ai ôté une veste en cuir et me suis dépêchée de quitter mon domicile. Par chance, je n'habituais qu'à quelques maisons de la sienne - enfin, ce n'était pas une réelle coïncidence. Cela avait été calculé, j'avais b'soin de me savoir près d'elle, et près de notre lieu de travail. Puis là, fallait que je lui parle, de cet homme avec qui j'avais passé la nuit, de cet homme qui était finalement notre client, un futur marié. Moi je vous l'dis, parfois, ma vie ressemble à une VDM, foutrement comique. Ça m'donnait la sensation d'être propulsée dans une mauvaise comédie romantique, où l'héroïne principale ne subit que de pauvres emmerdes. Rien de très concluant pour elle. Jusqu’à ce qu'elle tombe sur l'homme le véritable. J'aimerais bien tomber sur l'homme, et cesser d'avoir des insomnies à cause d'une expérience que je regrette. Bref, c'est de mauvaise humeur que je quittai mon appartement, m'aventurai dans la rue. Je m'arrêtai pour m'acheter un café chez Starbuck, je n'aimais pas ça, mais j'avais envie de sentir ce contact chaud contre mes mains, et de me réchauffer par la même occasion la gorge.

C'est boisson en main que je traversais la rue menant à l'appartement de ma meilleure amie. Je grimpais les marches, avant de me pointer devant la porte. J'avais pour habitude de ne pas frapper, d'entrer aussitôt - aujourd'hui n'échapperai pas à la règle. J'ouvrai la porte, déposant mon sac dans l'entrée. Blythe ? demandai-je tout en m'avançant dans la pièce. Je tombais alors face à Blythe, en compagnie de Beth. J'en soupirai aussitôt. Je n'aimais pas cette personne, ce n'était physiquement pas possible. Je n'y adhérais pas, et regrettai déjà d'avoir décidé de me rendre ici. Tu es juste de passage, ou tu as l'intention de rester ? demandai-je à Beth avant de coller deux baisers sur la joue de mon amie. Ma question n'était peut-être pas délicate, mais je m'en foutais. Je n'avais pas envie d'être agréable, je n'aimais pas faire semblant. J'étais en règle générale une personne qui assume ses sentiments, et qui n'a pas besoin de faire croire à tous que tout vas bien. Je ne t'aime pas ? Tu le sais. Je m'agenouillais, laissant Gavin se jeter dans mes bras. Il avait probablement compris mon arrivée. C'que je pouvais l'aimer ce gamin, mon petit monstre. Comment tu vas mon champion ? lui demandai-je. Sa simple vue me rassurait, et m'apaisait. Tant mieux, parce que cette petite visite imprévue chez Blythe n'allait pas s'annoncer tel que je le pensais.