" Laisse moi tranquille. " chuchotai-je alors, me contenant un temps soit peu.Je voulais qu'il s'en aille au plus vite, loin de moi. Je savais que ce secret le ferait souffrir. En fait, à vrai dire, je repoussais l'idée qu'il puisse apprécier. Tomber dans l'optimisme ça voulait dire que je tomberai encore plus bas après. Je savais que je finirai par avoir mal, mais je me disais que le quitter avant qu'il me quitte me permettrait d'avoir moins mal. Je ne veux pas lui laisser le choix de me quitter, même si on est pas vraiment ensemble et que peut être, j'ai moi-même créé ce mélodrame. Je ne veux pas lui laisser cette opportunité de me briser le coeur. Parce que c'est ça ; c'est clairement mon problème. On est sensés être de bon amis, des colocataires par inadvertance, des amants réguliers...mais pas des amoureux. C'est fondamental non ? Les sex friends ne tombent pas amoureux. Les amis ne ressentent rien. Les amis sont là la nuit quand on se sent seul, pas plus, pas moins. Malheureusement, j'étais vite tombée dans le plus avec Tcheky.

De l'extérieur on aurait pu croire à un vrai petit couple. C'est vrai quoi ! On passait les trois quarts de nos journées ensemble, soit au bar, soit à l'appartement. Au bar, je m'évertuai à le rendre jaloux, cherchant à séduire d'autres hommes qui ne me plaisaient pas et que j'aurais même volontairement ignorée. Je savais qu'en dépit de son calme légendaire, il bouillait à l'intérieur, et me lorgnait du regard d'autant plus. J'aimais ça. J'aime être au centre de sa vie, au centre de son attention. Savoir qu'en dépit de tout ce qu'on peut dire, et surtout tout ce qu'on ne dit pas, il fait attention à moi, comme je fais attention à lui...plus qu'on ne le devrait. J'ai peur de perdre ça. De perdre ce non dit qui rend notre relation si magique. J'ai peur de tout briser en lui annonçant que j'ai notre bébé dans le ventre. J'ai peur qu'il m'en veuille, qu'il me repousse à son tour comme moi je suis entrain de le faire...Je sais que si Tcheky me faisait ça, je ne...je ne me relèverai sans doute pas.


Et puis merde ! J'ai seulement vingt deux ans et je ne suis qu'une stupide petite serveuse. J'ai rien à donner à cet enfant. J'ai rien pour lui. L'avoir signifie me mettre définitivement mes parents à dos...Jamais ils ne me pardonneraient d'avoir un enfant par accident, d'avoir un enfant hors mariage, avec un gars qui est seulement mon ami et qui déteste mon frère. Pour être tout à fait honnête, si jamais Tcheky envisageait un possible avenir en tant que père de mon bébé, je me moquerai totalement de ma famille. Ils ne me connaissent pas, et...si Tcheky est là, alors je verrai ma vie comme totalement complète et merveilleuse...Me raccrocher à l'idée de mes parents me permet de ne pas me sentir totalement abandonnée, parce qu'en dépit de tous les espoirs que je peux me donner, je sais que Tcheky ne supporte pas le marmot d'à côté, qu'il passe son temps à élaborer des plans pour le faire taire. Il ne supporte pas les enfants, alors...pourquoi il voudrait s’embarrasser de nous ?

M'approchant doucement de lui, les larmes perlant dans mes yeux, je posais les mains contre ses joues, me mordant la lèvre et lui demandant une dernière fois. " Pars...pars avant que je détruise tout..."

Je bouillonnais, oui, je bouillonnais de ne pas savoir quoi faire, comment réagir. J'avais à peine eu le courage de prononcer son prénom dans un souffle en la regardant. Elle était alors de dos à moi et j'admirais ses longs cheveux blonds qui lui tombaient sur ses reins. J'aimerais tant pouvoir la prendre dans mes bras, passer mes mains dans ses cheveux doux et qui sentent si bons, la regarder dans les yeux, lui dire et montrer à quel point je l'aime. Mais c'était bel et bien impossible. Elle se mit à chuchoter un ordre, que je la laisse tranquille. Bien que cette phrase avait été dit d'un ton presque imperceptible, elle vint me percuter de plein fouet. Ouch. Oui, l'amour faisait mal. Elle venait de me dire de la laisser tranquille. Peut-être avais-je raison ? Peut-être en avait-elle marre de moi ? Avais-je été un peu trop collant ? Avais-je trop montré de jalousie ? Je n'en sais rien. Soudain, elle me rappela son frère. Qu'est-ce que je l'adorais lui aussi. On passait de bons temps ensemble, c'était mon meilleur ami, comme mon frère ! Et pourtant, lui aussi m'avait laissé, sans un mot. C'était leur spécialité à cette famille ou quoi ? Je me rappelais néanmoins de la gentillesse des parents à mon égard, beaucoup de compassion, quelque peu de pitié aussi je suppose. Tout comme leur fils, ils ne m'avaient plus adressés la parole suite à mon accident avec lui. J'avais perdu l'audition d'une oreille et un peu de mémoire, mais je ne lui en voulais en aucun cas. Il m'avait pourtant abandonné. Je fronçais les sourcils de douleur alors à cette phrase, sa sœur faisait la même chose à cet instant.Sans me l'avouer, je pensais qu'on partageait quelque chose nous deux. Par cette distance et cet ordre, elle m’envoie bouler, tout simplement.

La pièce n'avait rien de romantique. Aux murs gris, plusieurs caisses étaient empilées stratégiquement contre les murs et une simple table avec une chaise étaient là au milieu. Et pourtant, il semblait bien que quelque chose allait se jouer ici, quelque chose dont je n'étais pas sûr de vouloir avoir, de peur de la perdre. Je ne pouvais en aucun cas obéir à ce qu'elle m'avait demandé. Mes pas, mon corps, ma conscience, tout en moi n'était pas d'accord et je continuais inlassablement de la regarder, de la dévorer des yeux. Elle vint alors vers moi, j’apercevais son regard perturbé. Qu'est-ce que je donnerais pour savoir ce qui se trame dans sa conscience ! Elle s'approcha alors doucement de moi, j'en eu le souffle saccadé et le fait d’apercevoir ses yeux brillants me fit mal au cœur. Je fronçais les sourcils, impuissant pendant qu'elle posait ses mains douces sur mes joues. Elle me demanda alors de partir avant qu'elle ne détruise tout et encore une fois je me retrouvais perdu face à ses paroles. Je ne pus sortir qu'un mot. « Non » Ce fut dit d'un ton catégorique et en même temps suppliant. Je continuais alors, reprenant quelques forces en moi : « Non, non je ne peux pas Plum, je suis désolé, je ne peux pas me tenir loin de toi comme ça, tu peux pas, tu n'en a pas le droit de m'éloigner comme ça, s'il te plait » Je plongeais mes yeux dans les siens, pendant que je déplaçais une de ses mèches blondes en dehors de son si beau visage. Mes doigts tremblaient quelques peu, mais ma main vint se placer dans sa main, naturellement, presque suppliante.

" Je ferai mieux de retourner travailler avant que..." avant que je foire tout, comme j'avais tout foiré avec ma famille il y a deux ans. En effet, j'étais en école de droit comme mes parents le voulaient. Malheureusement je m'y ennuyais ferme, incapable de tout retenir, incapable d'y trouver le moindre intérêt. Je faisais quelque chose que je ne supportais pas, et je passais mon temps à pleurer, incapable de continuer mais aussi incapable d'arrêter et d'affronter alors le regard de mes parents. Mon intuition m'avait poussé à ne rien dire pendant plusieurs mois, sentant bien que mon petit secret détruirait beaucoup plus que je ne le voulais. Et pourtant, j'ai fini par céder, incapable de me maitriser, incapable de les affronter. Prétendre que tout allait bien en dépit de mes cernes, en dépit de mes nuits d'ivresse, en dépit de ce tatouage étonnant que je m'étais fait. J'aurais du me taire, je le savais, mais je ne l'ai pas fait. C'est ce qui m'a coûté ma vie d'avant, c'est ce qui m'a donné une vie misrable, mais c'est aussi ce que m'a coûté mes parents.

J'étais incapable de me séparer de Tcheky. Malgré notre relation compliquée, floue et même indéfinie. J'étais dingue de lui, et son départ de ma vie me rendrait complètement folle. Je ne sais pas si je le supporterai.Et pourtant en le regardant dans les yeux, en sentant sa main chassait une mèche de cheveux derrière mon oreille j'avais l'envie irrésistible de tout lui dire, d'affronter ça ensemble main dans la main. Justement, à cette même pensée, Tcheky attrapa la mienne, et la serra tendrement. Il ne pouvait pas faire ! Il ne devait pas faire ça ! C'est le comportement typique pour que ma langue se délie. Il le savait bien, et moi j'étais incapable de lui résister très longtemps. "Avant que tu me détestes. " A ces mots, des larmes affluèrent sur mes joues, incapable de retenir ma tristesse. Je voulais que ça s'arrête. Je voulais qu'il m'aime, qu'il aime notre bébé, malgré tous les ennuis que ça pourrait nous créer. Je serrai un peu plus sa main dans la mienne, posant la tête sur son torse. " J'veux pas que tu me détestes Tcheky...et je déteste mentir mais..."

Mais si je lui dis, tout deviendra réel. Le bébé je veux dire. Je n'en ai encore jamais parlé à haute voix, de peur qu'il existe vraiment. De peur de devoir choisir entre le tuer et le garder. De peur de devoir l'élever alors que je n'ai rien pour lui. De peur de l'avoir sans père ni grands parents. De peur qu'il me déteste de le garder. De peur de me noyer sous les couches. De peur de lui faire du mal, de mal m'en occuper. De peur qu'il finisse serveur comme moi. De peur de devoir tout recommencer. Tout, sans Tcheky. " Mais si je te le dis, ça va devenir réel...et j'vais devoir faire face à des trucs qui me dépassent. Et tu vas m'abandonner sur la route.." Soupirant, je baissai la tête avant d'ajouter " J'peux pas sans toi..."

J'étais perdu, mais je sentais que je n'étais pas le seul. L'observant, je voyais bien qu'elle était perturbée par quelque chose. Les larmes dans ses yeux me faisaient mal, j'avais mal pour elle, j'avais envie qu'elle soit heureuse et non malheureuse. Ces jours-ci c'était pareil, quand je rentrais je la voyais avec les yeux tristes ou gênés et je ne comprenais pas. Il y avait beaucoup plus de silence et la joie qu'on partageait s'était envolée. Je ne savais en aucun cas ce qui se tramait et ça m’inquiétait, réellement. J'avais l'impression qu'elle avait perdue sa joie de vivre que j'aimais tant. Du moins, avec moi, après avec les autres je n'en avais aucune idée. Au travail, je l'observais souvent, on venait même m'en faire la remarque mais j'envoyais chaque personne paitre lorsque c'était le cas. Qu'ils s'occupent de leurs affaires et qui me laissent aux miennes.

Elle commença une phrase, disant qu'elle ferait mieux de retourner travailler. Je retins un sourire, car de toute manière si elle retournait travaillée, étant dans mon bar, je lui dirais de prendre sa pause ou je ne sais quoi d'autre. Puis, je pense pas qu'elle irait se plaindre aux autorités que son patron lui ait fait des avances ou la martyrise ! x) J'attrapais alors sa main, avec toute la douceur dont je pouvais faire preuve et la regarder. J'aimais tellement la regarder, elle était si belle, si importante à mes yeux. En quelques semaines, elle avait réussi à prendre une place tellement importante dans ma vie que je ne réalise même pas ma vie sans sa présence. Elle énonça alors une phrase, une simple phrase, disant que j'allais la détester dans un futur proche. je fronçais les sourcils, ne comprenant pas et elle m'avoua qu'elle ne voulait pas que je la déteste mais qu'elle ne voulait pas mentir. En dernier, elle annonça un mais qui me fit languir. J'étais de plus en plus perdu et je ne savais en aucun cas de quoi elle voulait parler.

J'en vins même à penser qu'elle avait contracter une maladie grave, qu'elle m'avait refilé le sida, qu'elle avait tué quelqu'un, que c'était une tueuse recherchée ou je ne sais quoi d'autre. Oui, vraiment, j'étais perdu et j'attendais la suite de son mais. Il arriva plutôt vite et suite à ces phrases, je n'étais que plus inquiet encore. « Je ne t'abandonnerais pas, tu le sais, je tiens trop à toi pour ça » C'était sorti tout seul, cette marque d'affection. Avant, nous faisions bien exprès de ne jamais divulgué une once de sentiment et pourtant, je bouillonnais tellement de sentiments pour elle que je ne pouvais pas me censurer. Elle rajouta le fait qu'elle ne pouvait pas sans moi et ça me serra le cœur. Un sentiment de satisfaction par cette marque d'attachement à ma personne, mais aussi de détresse de la voir aussi perdue et désemparée. Sans réfléchir, je me penchais alors vers elle, glissant mes doigts le long de sa mâchoire et l'embrassais tendrement, essayant de lui montrer dans ce baiser tout l'amour que j'avais pour elle. Ce n'est qu'une fois que je me séparais de ses douces lèvres que j'en vins à être gêné. Bien sûr ce n'était pas la première fois que je l'embrassais, mais disons que là il y avait le contexte avec et je ne savais pas si elle était d'accord ou non. Le contact que j'avais eu avec elle me fit un bien intense cependant et je ne regrettais pas. Je fis alors dans un murmure « J'en peux plus que tu sois si loin de moi, dis moi je t'en supplie, je serais là, pour toujours » Une promesse ? Oui, je le pensais totalement.

Je levai à nouveau la tête, étonnée par ce que Tcheky venait de dire. Il tenait à moi ? Comme, tenir à quelqu'un ? Aimer, apprécier quelqu'un ? Mon cœur se souleva légèrement à ses paroles, et je ressentis de nombreux battements d'ailes de papillons dans mon ventre alors qu'il m'embrassai. Je n'espérai pas tant. D'ailleurs, je n'aurais jamais pensé que ce que je pouvais ressentir pour lui était finalement réciproque. Les yeux brillants, je me permettais alors d'imaginer un avenir plus heureux. Peut être que Tcheky serait finalement d'accord, peut être que même...il serait heureux d'apprendre ça. Lui, moi et le fruit de notre...amour ? ensemble pour la vie. Gosh, mes espérances dépassaient vraiment les niaiseries de Disney. Je devenais pathétique. On a même pas trente ans, on ne s'est donné aucun engagement l'un envers l'autre, on vit ensemble pour un temps déterminé et court. Alors, pourquoi Tcheky s’embarrasserait d'un petit bâtard ? Il ne mérite pas tout ça, il ne mérite pas que je lui gâche sa vie. Et pourtant, pourquoi devrais je en subir les conséquences et pas lui ? Pourquoi devrais je être la seule à souffrir à la pensée d'un avenir funeste avec un bébé, et tout aussi funeste sans ? Je ne suis pas capable d'intervenir contre Mère Nature. Je ne veux pas tuer mon bébé. Notre bébé. Les idées se bousculent dans ma tête, tellement vite que j'ai du mal à tout mettre en ordre. Je ne me contrôle plus, je pleure, le regard ancré dans le sien, et finalement, je ne tiens plus mes résolutions. " Tcheky...j'suis enceinte. "


La bombe est lancée et je suis incapable de revenir en arrière. J'attends sa décision, j'attends une moindre réaction pour savoir si je dois lui sauter dans les bras ou déguerpir en vitesse. Je savais que cette décision il faudrait la prendre à deux : être ou ne pas être parents. Et pourtant, je sais très bien que je ne pourrais me résoudre à l'abandonner, à m'en défaire. Sans le vouloir, j'ai aimé ce bébé dès que j'ai su qu'il existait. Et je l'aimerai encore plus lors de ma première échographie, lorsque je le verrai pour la première fois. Si Tcheky me demandait de choisir, je serai face à un horrible dilemme : ma vie pas très bien défini avec Tcheky, ou un bébé toute seule, sans appartement, sans boulot, sans rien. " Tu te souviens il y a un mois, quand j'étais malade et que j'ai vomi toute la nuit ? Le médecin dit que j'ai sûrement du vomir ma pilule. " Enlevant ma main de la sienne, je cherchai à savoir s'il était de mon côté ou non. Je voulais qu'il fasse un pas vers moi, et non pas le forcer. " Tu sais Tcheky, je te force à rien. Vraiment, je veux pas que tu crois que j'essaye de te forcer à rester auprès de toi...J'avais vraiment rien prévu et..." un nouveau torrent de larmes m'empêcha de finir ma phrase. Putain d'hormones ! " et...j'veux pas que tout soit fini entre nous...même s'il y a rien de précis entre nous...mais je...je sais pas si je serai capable de faire un IVG. C'est notre bébé..."

Je l'avais embrassée, oui, je l'avais fait. Avais-je eu raison ? Allait-elle me lancer une gifle pour mon comportement soudain ? J’espérais que non et j'eus ma réponse en voyant ses yeux brillants. De l'espoir vint naitre en moi soudainement j'eus envie de sourire, rire, crier, sauter, danser, chanter.. Oui, d'être heureux, de le montrer. Genre à la limite, faire comme spiderman ou je ne sais quel autre héros et sauter sur tous les toits en criant au monde tellement je suis content de cette once d'amour peut être réciproque. Oui, je pouvais m'emballer pour un rien, mais je vins à rapidement me calmer lorsque j'aperçus des larmes. Elle était d'abord passé par le fait de réfléchir à quelque chose, c'était évident vu l'air concentré et bouleversé qu'elle avait eu, puis avait considérablement ancré son regard dans le mien. C'est alors qu'elle m'annonça sa grossesse. Wow. Un choc. Une rafale de choquitude (ce mot n'existe pas, sauf dans mon vocabulaire )vint me percuter de plein fouet. Quoi ? Elle était enceinte de moi ? Ce n'était pas possible. Ah si, peut être, éventuellement. Oh lala ! Mais je pensais qu'elle prenait sa pilule ! Elle me lâcha la main, j'en vins à passer nerveusement ma main dans mes cheveux, le regard troublé. C'était donc ça qu'elle me cachait. Oui, pour une nouvelle, s'en est une. Oh lala.

Elle vint alors à s'expliquer sur le pourquoi sa pilule n'a pas fonctionné. J’acquiesçais, silencieux, perdu. Tout plein de questions venaient s'installer dans ma tête. Et comment on va faire ? Est-ce qu'on ferait de bons parents ? Est-ce que c'est une bonne chose ? En sommes nous capable ? Oui, j'étais troublé. Néanmoins, elle continuait sa tirade en me disant qu'elle ne me forçait en rien, que elle ne voulait pas que je crois que c'était pour que je reste auprès d'elle et qu'elle n'avait rien prévu. J'en étais persuadé, je la croyais, c'était évident. Qui irait se mettre enceinte pour garder un logement ou autre ? Non mais sérieux, elle n'avait pas à s’inquiéter sur ce point. Je comprenais à présent ses regards troublés, je comprenais tout. Elle continua alors, m'indiquant ses sentiments quant à nous deux mais aussi à un quelconque avortement. D'un ton catégorique, j'en vins à dire rapidement sans réfléchir « tu n'auras pas à avorter Plum, il grandira.. » Et j'en étais sur et certain, je serais incapable de vivre avec le fait de savoir que j'ai tué un bébé qui était porté par la jeune femme que j'aimais devant moi. Elle attendait une réponse, je ne savais pas quoi dire, j'étais sous le choc, la gorge nouée. Les yeux brillants, je la pris alors dans mes bras avec tendresse quelques minutes, sans rien dire. Toujours dans ses bras, je fermais alors les yeux et lui dis « Tu sais Plum, je ne t'abandonnerais pas, c'est hors de question. Tout comme je n'abandonnerais pas cet enfant car c'est le fruit de nous deux, et l'idée de " nous deux " ça me tente tu vois. Je sais pas si tu es d'accord, je ne sais pas si tu as des sentiments pour moi, je ne sais pas ce que tu penses de moi, mais je vais t'avouer quelque chose. » Je pris alors une grande respiration, me séparant de ses bras et fis en la regardant dans les yeux « Cet éloignement que tu as fait depuis quelques semaines, ça m'a fait réfléchir. Et, ça m'a vraiment fait du mal et en cela, j'ai apprit que je t'aimais. Oui, je t'aime Plum, d'un amour réel et non pas car tu portes notre enfant, et non pas car j'y suis obligé.. mais je t'aime d'un amour si intense qu'un avenir avec toi, me ferait être le plus heureux des hommes. » Voilà c'était dit. D'où m'est venu tout ce courage ? Aucune idée. Mais je posais alors mes yeux sur son ventre en disant doucement « Et à vrai dire, j'en suis heureux. Je pensais pas que cela allait m'arriver un jour, mais le fait que ce soit avec toi, celle que j'aime, j'en suis heureux. Vraiment, et .. on va gérer, on va y arriver, je te le promet.. » Je savais qu'elle avait besoin de réconfort, d'un appui, et je savais que je pourrais être là. Tout comme je savais que mes paroles, je les pensais réellement, et que je ne disais pas ça juste pour la réconforter.

" Il quoi ? " dis je alors, les yeux sortant presque de leurs orbites incapable de réfléchir pour l'instant. Trop d'informations à la minute, je captais mal tout ce qu'il pouvait me raconter. La tête contre son épaule, je me laissai pousser en arrière, en dehors de ses bras. A cette occasion, j'arquai un sourcil, incapable de savoir si c'était un bon ou mauvais signe. Tcheky venait de sous entendre que je n'aurais pas a avorter...alors pourquoi me retirait-il de ses bras ? Il voulait bien un enfant, mais pas de moi à ses côtés ? Qu'est ce qu'il cherchait à me faire comprendre ? Les yeux ancrés dans les siens, je cherchais à discerner le vrai du faux. Mon coeur battait alors à 100 à l'heure, me désespérant à la fois de savoir ce qu'il allait me dire, mais aussi angoissée de savoir ce qui allait se passer. C'est vrai quoi ! Mon destin se jouait à ce moment là même. Qu'adviendrait-il de nous ? De mon bébé ? De ma vie qui était stable depuis quelques mois ? Je redoutais sa réponse, et plus encore, je redoutais de devoir quitter tout ça.

" C'est vrai ? " dis je alors, en l'entendant me dire des choses dont je n'aurais jamais osé rêver. Tcheky venait de franchir une barrière, une frontière que quelques mois plus tôt, on s'était promis de limiter. Nous n'étions plus vraiment des amis à présent, nous formions quelque chose que j'aimais déjà plus que tout, un couple. Spontanément et sans réfléchir, je passai la main contre sa joue, et l'embrassai tendrement, avant de coller mon front contre le sien et lui répondre. " Roméo Tcheky Mikelson, c'est la plus belle chose qu'on m'ait jamais dite...Toi, moi...nous..." ajoutai-je alors, en touchant et regardant mon ventre. Sautant dans ses bras, j'éclatai de rire, me rendant compte que finalement, je m'étais fait du soucis pour rien. Que finalement, rien de grave n'était arrivé. Tout se passait merveilleusement. Il m'aimait, il aimait notre bébé, et je les aimais en retour. L'embrassant plusieurs fois sur les joues et dans le cou, je lui répondis que je l'aimais aussi, aussi simplement qu'un bonjour. Jamais je n'aurais pensé pouvoir dire une telle chose, aussi facilement. Moi qui suis, une handicapée des sentiments, moi qui aie du mal à parler ou même ressentir sur le long terme, j'apprenais avec Tcheky une toute nouvelle philosophie de vie. " Tu sais Tcheky, j'suis désolée. J'avais peur...de tout ça, de ta réaction...mais tout est si facile à tes côtés, j'ai l'impression de vivre...un conte de fées. Je t'aime ! Je t'aime ! Et je te préviens ! Tu n'utiliseras pas notre bébé pour réveiller les voisins."


J'étais incapable de le lâcher, me blottissant dans ses bras, attrapant sa main. Tout était parfait. Et puis mon esprit s'arrêta sur un nouveau problème qui allait maintenant se mettre en travers de nous. Mon frère, mon merveilleux grand frère que j'aimais vraiment énormément. Très complices, je n'ai jamais pu faire sans lui dans ma vie...Pourtant, la relation qu'il avait avec Tcheky était tout sauf paisible et heureuse. " On va faire comment ?...pour l'annoncer ? "